Histoire du personnage :
Esteban Calvillo est né à Guanajuato, dans un quartier où les bouches criaient plus souvent que les cloches des églises. Fils d’un mineur et d’une couturière, il voit sa famille sombrer dans la misère, l’alcool et la rage. Un incendie, un soir de dispute, emporte sa mère et ses sœurs. Lui seul survit. Ce qu’on croit accidentel, il le vit comme une révélation : le feu a choisi. Le feu lui a parlé.
À seize ans, il entre dans un cartel local comme guetteur, puis soldat. Il progresse lentement, mais jamais par la violence gratuite : il est intelligent, froid, tactique. Ce qui le distingue surtout, c’est son calme face à la mort, et sa manie de réciter des prières pendant les exécutions. On commence à l’appeler El Santo. Puis vient l’épreuve : trahi par ses propres frères d’armes, il est capturé, torturé, et laissé pour mort dans le désert.
Il revient six mois plus tard, métamorphosé. Il ne parle plus que par paraboles, cite des versets qu’il écrit lui-même, impose une doctrine spirituelle qu’il appelle « la Voie du Feu ». Il fonde Los Hijos del Fuego, plus qu’un cartel : une Église clandestine, où chaque fidèle passe par un rite de brûlure symbolique et jure allégeance à l’Ordre Sacré.
Dans ces premières années, il tombe amoureux d’une femme qui, dit-il, portait la lumière. Une guérisseuse issue d’une famille maya. Elle lui donne un fils : Mateo. Mais Esteban, persuadé qu’il ne peut offrir à cet enfant qu’un héritage de sang, décide de l’éloigner. Mateo grandit au Mexique, sous une autre protection, tandis qu’Esteban ne le voit que de loin, priant qu’il ne devienne jamais comme lui… et sachant qu’il le deviendra peut-être malgré tout.
En 2014, sous pression des autorités mexicaines, Calvillo quitte le pays pour Hollow City. Il s’installe à East Hollow, où il reconstruit son Ordre dans les ruines et les quartiers brûlés. Il recrute les écorchés vifs, les orphelins, les anciens détenus, les désespérés. Tous trouvent en lui une voix. Et tous savent : dans cette guerre de territoire, ce n’est pas l’argent qu’il veut. C’est l’âme de la ville.
Aujourd’hui, Padre Esteban règne comme un pape noir sur les cendres d’East Hollow. Il sent l’heure approcher : celle du Jugement. Celle du retour de son fils. Et peut-être… celle de sa fin.
Caractéristiques du personnage
Esteban Calvillo est un homme dont la foi a été forgée dans la souffrance et trempée dans le sang. Il ne croit pas en un dieu clément ni en une justice des hommes — il croit en la flamme, dans sa capacité à purifier, à révéler, à punir. Le feu est son évangile, son outil, son obsession.
Charismatique au point d’en devenir inquiétant, il parle peu mais chaque mot semble peser comme une prière ou une menace. Il ne crie jamais. Il murmure, et les fidèles s’agenouillent. Il marche lentement, toujours habillé de noir ou de lin blanc, et sa présence seule impose le silence. Il n’est pas un tyran brutal : c’est un prophète de la douleur, un guide dans les ténèbres, un architecte de la foi par la peur.
Il ne tolère ni le mensonge ni la tiédeur. Dans sa doctrine, on est soit fidèle, soit traître — il n’y a pas de milieu. Sa cruauté est mesurée, méthodique, presque tendre : tuer pour punir n’est rien à côté de brûler pour racheter. Esteban se vit comme un pasteur d’âmes égarées, mais aussi comme le bourreau des impurs. Il ne hait pas. Il purifie.
Mais derrière l’image du prophète, il y a l’homme. Et derrière l’homme, un père rongé par ses décisions. Mateo, son fils, est à la fois son plus grand renoncement et peut-être sa seule faiblesse. L’amour qu’il lui porte est réel, mais enfoui sous des couches de devoir, de peur, de foi.