Dans un précédent article, je vous parlais de mise en page de texte et des différents critères qui permettent de présenter un paragraphe parfait. Je rappelais la nécessité de concevoir un texte aussi bien dans son fond que dans sa forme : non pas pour faire joli, mais pour un confort de lecture qui garde l’attention du public. Penser aux lecteurs, aux spectateurs et plus communément aux utilisateurs, c’est un domaine à part entière injustement gardé dans l’ombre. C’est ce que fait le design d’expérience utilisateur ou dans sa forme anglaise : UX design. Il est très souvent confondu ou comparé, à tort, avec l’UI design, autrement dit le design d’interface utilisateur.
Passée la technicité de ces termes que trop ressemblants et dont vous n’avez sûrement jamais trop entendu parler, il faut pourtant savoir que vous y êtes confrontés tous les jours. Vous êtes les premiers concernés dès que vous allumez votre téléphone ou votre ordinateur. Il est essentiel d’avoir conscience que votre confort numérique a tout autant d’importance que le confort de votre canapé.
Il y a dix ans, les premiers réseaux sociaux vous paraissaient probablement austères et peu attrayants et ce n’était pas par manque de technique ou de connaissance : c’est parce que la fonctionnalité primait sur l’accessibilité. Aujourd’hui, les choses tendent à changer. Ce n’est néanmoins pas encore totalement acquis sur le marché numérique. Pourtant, les designers qui travaillent sur l’accessibilité sont tout aussi légitimes que les développeurs et participent au succès d’une plateforme. Mais que font-ils exactement ?
L’UX designer (expérience utilisateur) est l’architecte de la plateforme. Il construit et guide l’utilisation future du projet en fonction de son but, de ses besoins et de ses fonctionnalités. On peut parler d’analyste ou de concepteur. C’est un métier multidisciplinaire qui demande de tenir compte des critères techniques, marketing, visuels et psychologiques. Dans une comparaison plus parlante, il est comme le scénariste d’un film.
L’UI designer (interface d’utilisateur) est un ergonome. C’est à lui que revient de faciliter la relation homme-machine par des mécanismes visuels et interactifs. Avec les bonnes formes, les bonnes couleurs, il guide l’utilisateur à travers la plateforme de façon efficace. C’est un métier aussi artistique que technique qui demande une sensibilité et une connaissance des codes visuels. Pour continuer la comparaison cinématographique, il est le réalisateur d’un film.
Bien que complètements différents, ce sont deux métiers indissociables qui fonctionnent en tandem. Il s’agit de deux métiers de l’ombre qui mériteraient d’être plus souvent mis sur le devant de la scène. J’ai beaucoup parlé de web, mais ils occupent d’autres domaines plus variés qu’on le pense. C’est grâce à eux qu’une majorité de choses vous semble facile dès la première utilisation : ouvrir votre compte en banque, parcourir le menu de votre jeu vidéo ou commander à la borne d’un fast-food.
Deux exemples concrets :
Pour en revenir à un exemple du web, il est plutôt rare qu’un site optimise de façon égale l’expérience utilisateur et l’interface utilisateur. Par choix, souvent par méconnaissance, et régulièrement parce qu’ils sous-estiment la valeur de ces métiers. Prenons deux sites qui parleront à tous.
Amazon : c’est avant tout de l’UX design mêlé à énormément (énormément) de marketing. Graphiquement, le site est affreux et je n’ai pas souvenir de la dernière fois qu’il a eu le droit à une mise à jour visuelle. Forcée d’admettre, toutefois, que j’ai toujours trouvé ce dont j’avais besoin (parfois même ce dont je n’avais pas besoin…) de façon efficace et rapide.
Instagram : c’est avant tout de l’UI design ultra esthétisé. C’est simple, c’est minimaliste, ça mène directement au contenu sans trop de fioriture. Mais bon sang, où sont les fonctionnalités ? Après presque trois ans d’utilisation, je suis certaine que je n’utilise qu’un tiers de ce que la plateforme a vraiment à proposer.
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Et maintenant ?
Maintenant que vous savez tout ça (ou du moins, que nous avons effleuré le sujet), que faire de ces informations ? Je doute qu’elles vous aideront à briller lors du premier dîner de famille post-confinement.
Premièrement, en tant qu’utilisateur, vous voilà sensibilisé à votre environnement numérique. Peut-être que vous comprendrez désormais pourquoi vous préférez le mode sombre au mode clair de YouTube, pourquoi vous préférez faire vos achats chez Amazon et pas chez Cdiscount, et pourquoi vous préférez ce forum à l’autre qui a pourtant exactement le même contexte. Ce qui m’amène au deuxièmement : n’est pas UX ou UI designer qui veut. Pourtant, lorsque vous concevez une plateforme RPG, un blog, un site de référencement ou d’entraide, vous devez vous confronter aux mêmes questions que ces designers.
Le concept de ma plateforme est-il clair ?
Peut-on trouver mes informations facilement ?
Mes informations sont-elles lisibles ?
…
Ça ne sera pas toujours parfait, mais grâce au simple fait de vous poser la question, votre démarche et son résultat seront complètement différents et l’effort sera perçu. Il s’agit pas toujours de faire la plus belle bannière, le plus beau logo ou d’avoir les meilleures couleurs pour réussir.
Je suis une terrible pédagogue et il n’est pas question de faire de vous des spécialistes, alors je ne ferai pas de tutoriel ou autre liste de conseils pour tout ça. Mais renseignez-vous, parcourez le net, il y a des dizaines et dizaines de graphistes et de designers, professionnels ou non, qui partagent leurs astuces dans toutes les langues.
Soyez curieux !
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